Jun Volkihar [terminé]

Grand, longiligne, et… pâle. Trois mots pour trois siècles de vie. Vous l’aurez surement compris à mes allusions multiples, Jun est un vampire, il est donc nécessaire de reprendre en détail sa morphologie qui diffère grandement de celles des autres habitants de Bordeciel. Reprenons donc depuis le départ. Au premier abord, l’apparence corporelle de notre tri-centenaire apparaît comme normale, deux jambes, deux bras et une tête bien vissée entre les épaules, tout va bien donc. Le vampire profite cependant d’une taille et d’une musculature légèrement plus développées que la moyenne nationale, étant donné qu’il ne mesure pas moins d’un mètre quatre vingt dix pour quatre vingt dix kilos. Cependant il faut bien nuancer musculature et corpulence, Jun est l’être le plus fin qui existe en ce bas monde, simplement tout son corps est paré d’une « armure » musculaire complète, du sommet du crâne jusqu’à la plante des pieds.
En parlant de crâne, celui de notre ami Volkihar présente également des particularités frappantes. Jun possède un visage ovale, et un menton assez pointu mais commun chez les races elfiques. Sa bouche et son nez sont pour le moins règlementaire, mais il n’en est pas de même pour ses yeux et sa dentition. Le regard de l’assassin fusillerait l’empereur en personne à bout portant, il n’y a aucune pupille dans les yeux du vampire, seulement des iris d’une couleur rouge-oranger semblable à celle des flammes de l’enfer. Et que dire de ses dents, ou plutôt devrions nous dire ses crocs ! Ses canines proéminentes pourraient fendre les os d’un bœuf comme s’il s’agissait de beurre. Elles reluisent d’un éclat qui inspire la peur et le respect, aussi bien chez les vivants que chez les morts… La chevelure claire de Jun est coiffée en iroquoise et s’élève verticalement sur son crâne. Il porte aussi sur le visage des marques d’appartenance ethnique réalisées dit-on d’après les légende à partir du sang de ses deux parents.
Il se vêtit généralement d'une armure vampire d'apparat (bottes, gants et plastron) qui lui sied à merveille, et c'est d'ailleurs la seule avec laquelle on l'ait jamais vu, puisque ceux qui l'ont déjà entre-aperçu avec les atours de la confrérie noire ne sont plus là pour en parler.

Avez-vous déjà vu un vil serpent ? Un serpent j’en suis persuadé, mais un vil serpent... Un abject prédateur, tapis dans l’ombre de sa propre noirceur intérieure, prêt à tuer pour une demi-pièce d’or. Avez-vous déjà vu la mort en personne ? Celle qui vous approche avec froideur et nonchalance, et qui vous emporte devant le grand Sithis, père de toute chose, avant que vous ne vous soyez rendu compte que vous étiez mort ?
Nous parlons bien de Jun Volkihar, un vampire cruel et expérimenté, un dévoreur d’âmes. Le vampire est par définition renfermé et traître. Jun est plus que cela. Il est un maître dans l’art de tromper, on dit qu’il battrait même Boéthia à ce jeu là. D’un froid constant, il est sûr de lui en permanence et ne possède aucune faille psychologique exploitable, aussi incroyable que cela puisse paraître, il possède un cœur de pierre. Stoïque en toute situation, il reste calme et ne s’énerve ni s’exclame devant rien, à croire qu’il a déjà tout vu et tout entendu, et que la vie ne lui apprend rien (Titre de Daniel Balavoine pour les connaisseurs ). Il est manipulateur et calculateur, capable de créer des relations avec tout le monde et n’importe qui, il sait quoi faire et comment le faire pour arriver à ses fins. Jun est un être réfléchi, qui possède souvent un ou plusieurs coups d’avances sur ceux à qui il s’oppose, sachant pertinemment qu’une stratégie bien planifiée est égale d’après l’équation à une victoire déjà acquise. Extrêmement désinvolte et provocateur, il connait sur le bout des doigts les manières de faire lâcher les nerfs d’autrui et celles de masquer ses propres intentions aux yeux des autres. Il déteste au plus haut point les dirigeants engourdis de gloire et de fierté, qui ne lèveraient pas le petit doigt pour leurs hommes, les gros bras au cerveau aussi ridicule qu’un petit pois et… les hauts-elfes. Autrement, il n’aime rien ni personne d’autre que lui… et Sithis, pour qui il serait prêt à tuer jusque dans les tréfonds de l’enfer s’il le fallait.

Du vent, du vent, et encore du vent... Autant qu'il en fallait pour se jeter du haut de cet aplomb rocheux sans même le vouloir, mais celui qui se tenait alors au dessus du précipice était bien déterminé à en découdre avec la vie, misérable existence à laquelle seuls s'accrochent les âmes faibles et désespérées. Infime poupée de chiffon face à la nature, Jun surplombait le ravin, le vide s'ouvrait sous ses pieds. Il était calme, étrangement détendu et serein. Il n'avait pas peur de la mort. Les rayons lunaire filtraient timidement à travers la brume persistante, comme on en trouve qu'à l'extrême Nord de Bordeciel. Le petit être s'élevait ainsi, nez à nez avec la force des éléments, face aux eaux sombres et bouillonnantes de la mer. Puis dans un dernier soupir, presque ennuyé, il se laissa tomber. Ses atours se gonflant au vent, sa cape virevoltant derrière lui, et ouvrant les bras, il rencontra à l'impact un grand cercueil de bois dans lequel il disparut...

... deux siècles et soixante seize ans ont passé, mais la vie est toujours là infimement perceptible, voilée et endormie au sein de cette prison de planches. Quelques craquements provenant de la boite se font entendre avant que son couvercle ne soit projeté subitement dans les airs et qu'une main s'extirpe avec engourdissement du cercueil. Une main pâle, décharnée et griffue. Une main qui ramenait sur ce plan la terreur et la désolation. Le descendant des Volkihar s'extirpa avec décontraction de son alcôve avant de s'épousseter la veste puis le pantalon. Il était maigre, terriblement maigre, le manque de sang frais se faisait sentir et le sien en bouillonnait d'impatience. Son regard se porta immédiatement autour de lui, dans un premier temps vers l'eau et les vagues, qui s'étendaient à perte de vue, puis vers la falaise qui se dressait devant lui. Rien n'avait changé depuis la dernière fois. Pourtant il n'avait aucun repère concret, ne sachant pas même combien de temps il avait passé ici, au pied de ce mur de roches effritées. Repensant alors à ce qui l'avait poussé à se cloîtrer dans un cercueil pendant si longtemps, un sourire malsain se dessina sur ses lèvres. Son château, ses parents, ses frères et soeurs... tout cela n'existait plus, mais peu importait, il l'avait fait pour Sithis ! Dès demain il retournerait au sanctuaire et reprendrait sans vergogne ses bons et loyaux services à la solde du Père incontestable de la nuit !